dimanche 17 janvier 2010

MARCHE DE L'ART / Orient vs Occident

Jeff Koons vs Zang Xiaogang

L’un est américain, l’autre chinois, tous deux représentaient en 2009 les nouvelles têtes montantes de l’art contemporain. Tentons de comprendre cette vague d’enthousiasme qui déferle sur ces deux artistes aux parcours diamétralement opposés qui pourtant tendent à se rejoindre sur certains « tableaux ».

Alors que Jeff Koons n’amorce sa carrière artistique, qu’après avoir travaillé dans les finances en tant que trader à Wall Street, Zang Xiaogang étudie les
Beaux Arts dans la province de Sichuan et en sort diplômé en 1992. Jeff Koons ayant étudié la peinture au Maryland of Art, élabore sa carrière à la manière d’une factory à la Warhol en employant une trentaine de personnes travaillant dans son « atelier », un loft à Soho.



La thématique abordée dans l’œuvre de Koons relève d’une sorte de synthèse entre le ready-made de Duchamp ( par l’utilisation de produits de consommation glorifiés et érigés en tant qu’œuvre d’art), l’univers pop d’Andy Warhol (à travers les couleurs acidulée de ses œuvres), le kitsch ainsi qu’une forme humoristique de dénonciation de l’imagerie commerciale doublée d’un questionnement porté sur l’enfance et la notion d’inconscient. Son œuvre est pluridisciplinaire, Koons englobe toutes les techniques artistiques : l’installation, la photographie, la peinture et enfin la sculpture sur tous les matériaux (bois, marbre, verre, inox).

A contrario, l’ouvre de Xiaogang est uniquement picturale aux caractéristiques bien précises. La plupart de ses œuvres sont des monochromes (noir et blanc) dont le moteur de création principal est la réflexion de l’artiste au sujet de l’identité du peuple chinois, liée à la notion de collectivisme très présent au sein de la tradition chinoise. Son œuvre est influencée par les portraits photographiques de la révolution culturelle en chine et du surréalisme européen.

Le lien possible à établir entre leurs œuvres est celui d’un symbolisme caché. Au-delà d’une représentation distrayante, festive et colorée de Koons, se cache une œuvre basée sur la perception subjective des spectateurs posés face à ses sculptures par exemple. Le célèbre « Ballon Dog » a fait scandale auprès de certain puriste, considérant l’œuvre exposée à Versailles, comme étant à caractère pornographique. Cette réaction, démontre les jeux auxquels Koons procède dans son travail. Il s’emploie à manier les symboles conscients ou inconscients qui peuvent être interprétés de manière différente par chacun. La réaction des détracteurs de Koons face au « ballon dog » démontre qu’ils ont inconsciemment ou consciemment liés les forme ronde, les volumes devant en premier lieu faire échos à une sculpture construite à partir d’un ballon de forme allongé, à une imagerie phallique, aux traits sulfureux dénotant avec la perspective première de l’œuvre à savoir son caractère enfantin pour se transformer en un objets grossier relevant de la sphère adulte et touchant à la pornographie.


La provocation est présente dans les œuvres des deux artistes. Alors que les tableaux émouvants aux portraits de membres de familles de Zang Xiaogang ne présentent qu’au premier abord une certaine rigidité, une froideur émanant de ces êtres figurés, on s’aperçoit dans la présence de cicatrice ou de « morceau de peau », définit par l’artiste comme des lignes de sang « Bloodline » que ses êtres statiques sont victimes d’une grand trouble intérieur. On découvre alors, que leurs yeux si vivant sont le reflet de leurs âmes. Le spectateur n’en est que doublement surpris et comprend que chacun d’eux jouent d’une certaine ambiguïté dans l’imagerie employée. Zang Xiaogang provoque son contemporain en lui rappelant les souffrances d’êtres venant d’un passé oublié ou antérieur au spectateur.


Enfin, Jeff Koons s’attarde à traiter du consumérisme lié a l’économie capitaliste et le dénonce de manière joueuse, tandis que Zang Xiaogang se fait le porte parole d’un passé lié à son histoire personnelle, celui de la révolution culturelle, qui l’a profondément troublé.
Alors qu’ils apparaissent appartenir de deux mondes différents, Zang Xiaogang, a reçu pour consigne de puiser dans son inspiration afin de rendre plastiquement ce que peut être « l’ADN » de la marque de luxe Dior, dans une collaboration avec la griffe et plusieurs autres artistes chinois. Ainsi alors qu’on croyait les frontières solides séparant ces artistes, Koons et Xiaogang reflètent par leurs ouvertures artistiques, leurs puissantes imageries et leurs renommées, l’étendue possible de ce qu’est l’art contemporain d’aujourd’hui.


Cette année pour la première fois, nous avons assisté à un renversement de
l’ordre établi : la zone Asie a dégagé un volume d’affaire supérieur au mastodonte américain,
à savoir 130 millions d’euros contre 123 millions d’euros.
En 2007 déjà, la Chine avait redistribué les cartes en devenant la troisième place mondiale du marché pour les ventes aux enchères. De nouveaux relais de croissance sont dès lors rapidement apparus. Parmi les plus générateurs de capitaux en Asie, on peut citer en tête Pékin suivi de près par Hong Kong. Les investissements dans ces nouvelles places du marché artistiques sont particulièrement agressifs depuis 2005.


•Les 10 premières places du marché aux enchères
d’art contemporain en 2008-2009

1 – G-Bretagne 261 millions d’euros
2 – USA 123 millions d’euros
3 – Chine 95 millions d’euros
4 – France 18 millions d’euros
5 – Taïwan 13 millions d’euros
6 – Italie 9 millions d’euros
7 - Singapore 8 millions d'euros
8 - Corée du Sud 8 millions d’euros
9 – Japon 6 millions d’euros
10 - Allemagne 5 millions d’euros

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